Le train s'en vient...

La construction de chemin de fer. au Québec, est synonyme de développement industriel et de politique de colonisation. En 1871, pour la première fois, des hommes d'affaires de Hull se réunissent pour amasser les capitaux nécessaires à la construction d'une ligne de chemin de fer reliant Hull à Maniwaki, et qui devait se poursuivre éventuellement jusqu'en Abitibi. Parmi eux, les forestiers Ezra Butler Eddy et Alonzo Wright font figure de pionniers du "Ottawa Gatineau Valley Railroad".
 Alonzo Wright, un héritiers des entreprises Wright et député de la région au parlement fédéral, se fait pompeusement appeler le roi de la Gatineau...Il faudra pourtant seize ans de tergiversations pour que la construction de la voie ferrée à destination du nord de la Gatineau soit lancée.

En 1887, commence la construction du premier tronçon, qui doit relier Hull à Wakefield à compter de 1891. L'année suivante, la construction s'accélère pour rejointe Low et Kazabazua.  Une bonne raison permet alors d'injecter des fonds public dans la voie ferrée: plusieur familles irlandaises établie aux environs de Brennan's et de Low refusent toujours de s'élire un conseil municipal pour ne pas avoir à payer de taxes foncières (municipales et scolaires). Le gouvernement québécois se résout à faire appel à la malice, qui hésite à utiliser la route peu praticable de la Gatineau pour aller remettre au pas les irréductibles fermiers irlandais...

Les troubles de Low
             Refusant d'incorporer en municipalité le territoire sur lequel elles se sont établies, plusieurs famille irlandaises défient l'autorité gouvernemental  depuis des années lorsque des percepteurs d'impôt, envoyés par Québec, réclamant le montant des taxes impayées se font éconduire et menacer.  Le 13 novembre 1895, excédé, le gouvernement québécois envoie huit policier de la ville de Québec et quelques constables de Hull pour accompagner le bailli et le trésorier du comté, messieurs Groulx et Desjardins.

La plupart des fermiers sont partis travailler aux chantiers et, comme la visite des agents de l'ordre avait été annoncée, les familles avaient pris la précaution de cacher le bétail et les objets de valeur.  Le trésorier Desjardins est accueilli avec des menaces par quelques femmes: on promet de lui lancer de l'eau bouillante au visage et s'ils persistent à les embêter, le sang coulera... Les percepteurs du fisc reviennent à Hull en panique et lancent un appel à Québec. Leur rapport est clair: une rébellion s'est organisée dans le canton de Low !  C'en est assez pour les autorités locales qui appellent à leur secours la milice québécoise qui, à son tour, fait appel à l'armée.

Le 17 novembre 1895, un détachement de quatre-vingt-deux hommes appartenant  à "Ottawa Field Battery" arrive à la gare de Low. La matiné suffit aux militaires pour pacifier le village de Low et celui de Martindale.  Le lendemain, la petite troupe revient vers Brennan's Hill où les derniers insoumis se retranchaient.  Ils se rendront avant même de voir arriver les soldats. En quarante-huit heures, la municipalité du canton de Low est organisée et les taxes réglées, avec les arrérages.  Edward McSheffrey, un des leaders de la pseudo-rébellion, est élu maire. Les fermiers de tout le canton paient leurs taxes avant même qu'on les mette en demeure de le faire. Les militaires en seront quittes pour une promenade en train...

En octobre 1895 est inauguré le service ferroviaire jusqu'à la rivière Picanoc. La construction est bloqué à cet endroit, du côté sud du pont actuel de la route 105, faute de finances.
Il faudra que le marchand Patrick Grâce s'engage à construire à ses frais la gare du villa de Wright, rebaptisé Gracefield pour l'occasion, pour que la compagnie consente à poursuivre deux kilomètres de construction  et à traverser la Picanoc en 1900.

Pendant cette période, les voyageurs doivent descendre du train près du pont, et monter dans une voiture tirée par des chevaux. Le père Guinard qui montait à Maniwaki en 1899-1900 décrit ainsi son trajet: "'A cette époque, on se rendait à Maniwaki par le chemin de fer de la Gatineau qui s'arrêtait à Gracefield, aussi appelé La Victory. Le voyage se poursuivait à bord de la voiture de la poste qui complétait le trajet jusqu'à Maniwaki.  Le gouvernement ne s'occupait pas de l'entretien des chemins. Les compagnies investissaient le minimum d'argent dans ces opérations et ne faisaient que le nécessaire. Les résultats étaient pitoyables. À l'automne et au printemps la plupart de ces chemins étaient impraticables.  On pontait les marécages et les trous de boue avec des troncs d'arbre que les gelées faisaient ressortir de terre. "

L'objectif que visaient les entrepreneurs de relier Maniwaki à Hull, est repoussé indéfiniment après la construction se soit avancé jusqu'aux abords du lac Bitobi,  sur la réserve indienne. La ligne n'est pas rentable, C'est tout juste si les actionnaires ne perdent pas leur chemise.
En 1901, on évite de justesse la banqueroute en fusionnant la compagnie à une autre et en rescindant le tout sous le nom "d'Ottawa Nortbern and Western Railway Company".

Les capitaux restent cependant insuffisants et, dès 1902, on cède, par bail de 100 ans, les droits d'exploitation au "Canadien pacifique" qui amènera la ligne de chemin de fer jusqu à Maniwaki.  La construction reprend en 1903 pour se terminer l'année suivante,  Les premiers passagers doivent cependant attendre jusqu'en février 1904 pour monter à bord du premier train à destination de Hull et d'Ottawa.  La liaison commence donc officiellement à sept heures du matin, le 8 février 1904.


Réf`; Une rivière qui vient du Nord.














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