Guerre des Shiners

L'histoire,  Guerre des Shiners



L’une des confrontations à caractère économique qui a fait couler le plus d’encre est sans contredit la Guerre des Shiners1. Il s’agit de la guerre sans merci que livrent alors aux « Canadiens » les journaliers irlandais dirigés par Peter Aylen, un ancien marin qui a fait fortune dans le commerce du bois3. Ce dernier devient leur chef en leur promettant de chasser les Canadiens français de cette industrie4. Ces Irlandais, arrivés dans l’Outaouais à l’époque de la construction des canaux militaires, ceux de Carillon, de Grenville et de la rivière Rideau, se retrouvent au chômage à la fin de ces travaux. Ce prolétariat de journaliers, pour la plupart catholiques,
se compose d’individus qui n’ont aucune qualification particulière et qui, contrairement aux Canadiens, ont peu d’expérience du travail en forêt. Les travailleurs irlandais du canal Rideau sont souvent victimes d’accidents de travail et de la fièvre des marais. Ils habitent d’ailleurs un coin d’Ottawa baptisé « Corkstown », sur le bord du canal Rideau, dans des conditions extrêmement misérables. À la fin de la construction du canal Rideau, en 1832, plusieurs d’entre eux quittent la région. Certains s’installent dans la région de Buckingham avec l’aide de Levi Bigelow qui veut mettre ses terres en valeur pour les vendre plus facilement. D’autres tentent de se tailler une place dans l’industrie du bois, ce qui alimente leur haine des Canadiens français qui occupent plus de 70 % des emplois dans ce secteur d’activité!
En 1835, les « Shiners » se déchaînent. Peter Aylen se met à leur tête et décide de prendre les grands moyens pour « chasser les Canadiens français de la vallée de l’Outaouais afin d’assurer aux Irlandais des emplois et de meilleurs salaires dans les chantiers ». Ensemble, ils font régner la terreur sur l’Outaouais et à Bytown, incendiant les commerces et les maisons de ceux qui leur résistent, brutalisant, humiliant et tuant même ceux qui s’opposent à eux. Des trains de bois sont attaqués et confisqués. Les Canadiens français qui les manœuvrent sont chassés et battus. Les entrepreneurs forestiers en viennent à détester les « Shiners » et tous les Irlandais. Les Écossais, plus que toute autre ethnie, se dressent alors en ennemis jurés des Irlandais  L’entrepreneur George Hamilton de Hawkesbury s’en prend à ces derniers dans une lettre du 1er juin 1835 :

… ils ont eu recours à des assassins et des brutes soudoyés de la pire espèce afin d’intimider ceux qui ne voulaient que la paix. C’est de cette manière que les choses se passent depuis à peu près trois ans, ce qui a permis d’introduire dans ce coin de pays un certain nombre d’individus, les pires qu’il soit, des Irlandais. Cette année, les troubles ont pris une toute autre allure. Ces assassins et ces bandits ont encouragé la masse des journaliers irlandais à chasser de la vallée tous les travailleurs canadiens de la « Province du Bas » afin que les Irlandais puissent, seuls, fixer des salaires uniformément élevés… Certains entrepreneurs se sont même mis à la tête de ce mouvement… dans l’espoir d’assouvir des jalousies ou des rancunes issues d’un différend sur la question des limites des concessions forestières les opposant aux entrepreneurs qui embauchaient des travailleurs canadiens. Toute cette situation est rendue plus difficile par un certain nombre d’individus sans scrupules, des « squatters »… qui distribuent de la boisson en grandes quantités sur la rivière et qui en font le commerce sans permis
George Hamilton est enragé contre cette formule primitive d’association syndicale, qui fait croître les salaires de manière artificielle, sans égard aux enjeux et aux règles de l’économie, ce qui menace l’ordre, la justice et la paix sur la frontière.
Les Canadiens français, paisibles de réputation1, décident enfin de se défendre.11 ». La contre-offensive s’organise, appuyée par les Écossais, les protestants et les classes plus conservatrices de Bytown qui veulent rétablir l’ordre. Peter Aylen sent la soupe chaude. Il quitte alors Bytown et s’installe à Aylmer, où il devient éminemment respectable. La paix revient peu à peu, grâce à la prospérité économique du début des années 1840. Cet épisode de l’histoire de l’Outaouais laisse cependant de profondes cicatrices. L’amertume et les rancœurs pèseront longtemps sur les relations entre les Irlandais et les Canadiens français
Ils se donnent un chef et un modèle, Jos Montferrand. Il devient un mythe et une légende grâce aux raclées qu’il administre aux « Shiners

Référence Guerre des Schiners dans l’Encyclopédie canadienne .
Recherche Daniel Cécire

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