La fabuleuse histoire de la Gilmour
Vous vous êtes sans doute promenés dans le parc Jacques-Cartier et avez remarqué la petite construction en pierre à l’extrémité de la rue Laurier. Vous savez qu’elle abrite la Maison du vélo et qu’elle appartient au passé pas si lointain de Gatineau. Mais elle se révèle un maillon précieux d’une histoire très, très riche….
Cette histoire débute en Écosse avec la naissance en 1816, d’Allan Gilmour qui a la chance d’avoir un oncle fortuné qui l’envoie en Canada travailler à Montréal en 1832 avec son cousin James, pour l’une de ses succursales, la William Ritchie and Company. Allan a 16 ans.
En 1840, Ritchie prend sa retraite. Les cousins assurent la succession et renomment la compagnie Gilmour and Company. Cette dernière acquiert des propriétés et des terrains et ouvre à Bytown une succursale qui se spécialise dans l’achat de bois et la vente de provisions aux chantiers forestiers.
1842, les Gilmour construisent des moulins aux chutes Chelsea, puis des bâtiments pour leurs ouvriers. Allan n’a que 26 ans. Ah, les oncles riches!
En 1845, ou avant, la Gilmour bâtit à Maniwaki un bureau d’engagement en pièce sur pièce qui existe toujours, auquel s’ajoutent des bâtiments de ferme dont la plupart existent également toujours.
photo Daniel cécire |
- La Gilmour and Company acquiert les scieries et les droits de coupe des frères Nathaniel Sherrald et Julius Caesar Blasdell, à Chelsea. Allan et James construisent une glissade de bois de 5 km pour faire descendre les planches des scieries jusqu’à leurs lots d’empilement à Ironside. Allan a 37 ans et il s’établit à Bytown; il en fait le siège social de la compagnie et réduit la succursale de Montréal au rang d’agence.
Trois ans plus tard, le cousin James meurt.
Puis, débute au milieu des années 1870 la Grande Dépression qui frappe l’ensemble des pays industrialisés. Dans l’Outaouais, les forestières ne sont pas épargnées et la Gilmour connait de sérieux problèmes financiers dont elle ne se remettra jamais tout à fait.
À 57 ans, en 1873, Allan décide de se retirer des affaires. L’entreprise passe à des membres de la famille à Québec aussi engagés dans l’industrie du bois : John, Allan et David, les fils de John Gilmour, et un cousin, J. D. Gilmour.
Photo daniel cécire |
L’année suivante, ils font construire la 1re scierie à vapeur de la Gilmour and Co à Hull, à l’embouchure du ruisseau de la Brasserie, qui…. brûle l’année suivante. Immédiatement remplacée, elle brûle en 1883. La 3e version est bâtie en 1893 par la Gilmour and Hughson Ltd., mais nous anticipons.
Le partenariat Gilmour se dissout en 1891 en raison de difficultés financières. Restructuration, arrivée d’un nouvel associé et fondation d’une nouvelle compagnie formée par John Gilmour Junior et Ward. C. Hughson, un américain qui achète une partie de l’entreprise que l’on rebaptise Gilmour and Hughson. La compagnie bâtit sa nouvelle scierie en… 1893.
À Chelsea, les scieries mettent fin à leurs activités en 1895. La même année, Allan meurt à Ottawa, à 79 ans.
Le 2e foyer d’incendie du Grand feu de Hull de 1900 apparaît sur la propriété de la Gilmour and Hughson. La totalité de la cour à bois est réduite en cendres.
Début de la fin : la compagnie Riordon de Montréal achète la Gilmour and Hughson et la W.C. Edwards dans la région, la Kipawa au Témiscamingue, et la Ticonderoga Pulp and Paper au lac Champlain, en 1920. Elle a vu trop gros et doit déclarer forfait en 1925. La Gatineau Company Limited, succursale de la CIP, devient propriétaire de l’empire et ferme la scierie de Hull. Chalands et piles de bois disparaissent… Seuls demeurent, comme témoins de cette odyssée, le bureau de pierre, et la haute cheminée de briques de la scierie qui sera toutefois détruite au cours des années 1950.
Photo daniel cécire |
La Gilmour a aussi eu des actifs au lac Baskatong, au lac du Castor blanc et à de nombreux autres chantiers forestiers dans la Haute‑Gatineau, à Otter Lake dans la partie est du Pontiac, sur les rives des rivières Blanche et la Petite Nation, ainsi qu’à Trenton en Ontario, mais il serait trop long d’en faire le récit ici. Réservons cela pour une autre occasion…
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