les mémoires de Fabien Cyr
Premiers partis
Voici un aperçu historique de Fabien Cyr, le premier de cette famille à venir s'établir dans la vallée de la Gatineau. D'après un membre de cette famille, mon père racontait (c'était son grand-père) qu'il était venu comme beaucoup d'autres de tous les coins du Québec pour travailler à la coupe du bois. Fabien s'est marié à Maniwaki, à Hermeline Grondin, le 1er mars 1870. Il avait 14 ans quand il est arrivé. Il était si petit qu'il fallait monter sur un tonneau pour atteler le cheval avec lequel il travaillait, me disait mon père. C'est dire qu'il est arrivé à l'époque où les villages de la Gatineau prenaient naissance. "Un mois après (la première messe dans l'église de Gracefield) les pères Oblats célébraient la première messe dans l'église Saint-Gabriel de Bouchette..."
Notre famille est donc rattachée au tout de la colonisation de la vallée, qui a commencé par l'arrivée des compagnies forestières, qui ont exploité les immenses forêts de pins du sud-ouest du Québec.
Quelqu'un a fait observer que presque tous les villages semés le long de la rivière Gatineau sont situés à peu près à une journée de marche d'une paire de chevaux tirant des lourdes charges.
Chaque village était un relais. Bouchette en était un et il reste encore chez nous plusieurs souvenirs de cette dure période. La ferme des Six est en fait une ancienne ferme de compagnie. Les compagnies avaient l'habitude d'établir à certains endroits de grandes fermes où elles cultivaient et élevaient ce dont elles avaient besoin pour alimenter les hommes qui travaillaient pour elles. C'est pourquoi entre Bouchette, Mont-Laurier et Ferme-Neuve, on peut trouver un nombre assez considérable de ces fermes, qui ont conservé leur nom.
On trouve aussi à Bouchette, de l'autre côté de la rivière, comme on dit, une maison qui en fait une très ancienne auberge. Le père Guinard, qui a été missionnaire à cette époque, a laissé une page qui devrait être lue et relue par tous ceux qui vivent dans la vallée de la Gatineau, parce que tous nos grands-parents et arrières-grands-parents sont passés par cette vie de misère incroyable. Je ne peux résister à l'envie de la citer, et ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'il y a de grandes chances que le père Guinard décrive ici la vie d'un chantier de la région de Bouchette même: "Les pentures et les clenches de la porte étaient en bois. Un foyer de sable de 8 pieds de longueur sur 4 pieds de largeur occupait le centre de la cambuse. Un trou dans le toit, de la même dimension que le foyer et pratiqué directement au-dessus, laissait s'échapper la fumée.
Il faut bien dire que cette technique avait des inconvénients. L'ouverture de la porte provoquait un courant d'air qui refoulait la fumée vers l'intérieur et cela faisait venir les larmes aux yeux.
C'était bien là, une des seules occasions de voir les bûcherons pleurer... Comme tout le reste, la nourriture était simple; du pain cuit sur la braise, des fèves et du lard, rarement du boeuf, de la soupe aux pois, de la mélasse "Black Strap" et du thé très fort. Les matinées du dimanche, les hommes mangeaient souvent du "Sea Pie" (cipaille), une recette de chantier très populaire qui préparait de la façon suivante: une rangée de lard, une rangée de pâte, une rangée de boeuf, le tout cuit à l'étouffée, dans un immense chaudron, pendant toute la nuit...
Tout en préparant les repas, le cuisinier plaçait sur une table étroite, des piles d'assiettes et d'écuelles en fer blanc, des cuillères, des couteaux et des fourchettes. Il ajoutait à ce service, disposé pêle-mêle sur la table, une montagne de grosses tranches de pain. Quand le tout était prêt, il criait très fort. Alors les bûcherons empoignaient les instruments et allaient aux chaudrons pour se servir eux-mêmes, au moyen de louches et de larges cuillères. Pour avoir du thé, on enfonçait directement l'écuelle dans la chaudière. Ces préparatifs provoquaient tout un remue-ménage dans la cambuse, jusque ce que tous soient servis et assis à la table. Les bûcherons mangeaient énormément . Ils retournaient aux marmites plutôt deux fois qu'une et, trop occuper à dévorer, ils parlaient peu durant le repas, ce qui ne veut pas dire, loin de là, qu'ils mangeaient en silence...
Recherche; Daniel cécire
Réf; Livre historique de Bouchette
Voici un aperçu historique de Fabien Cyr, le premier de cette famille à venir s'établir dans la vallée de la Gatineau. D'après un membre de cette famille, mon père racontait (c'était son grand-père) qu'il était venu comme beaucoup d'autres de tous les coins du Québec pour travailler à la coupe du bois. Fabien s'est marié à Maniwaki, à Hermeline Grondin, le 1er mars 1870. Il avait 14 ans quand il est arrivé. Il était si petit qu'il fallait monter sur un tonneau pour atteler le cheval avec lequel il travaillait, me disait mon père. C'est dire qu'il est arrivé à l'époque où les villages de la Gatineau prenaient naissance. "Un mois après (la première messe dans l'église de Gracefield) les pères Oblats célébraient la première messe dans l'église Saint-Gabriel de Bouchette..."
Notre famille est donc rattachée au tout de la colonisation de la vallée, qui a commencé par l'arrivée des compagnies forestières, qui ont exploité les immenses forêts de pins du sud-ouest du Québec.
Quelqu'un a fait observer que presque tous les villages semés le long de la rivière Gatineau sont situés à peu près à une journée de marche d'une paire de chevaux tirant des lourdes charges.
Chaque village était un relais. Bouchette en était un et il reste encore chez nous plusieurs souvenirs de cette dure période. La ferme des Six est en fait une ancienne ferme de compagnie. Les compagnies avaient l'habitude d'établir à certains endroits de grandes fermes où elles cultivaient et élevaient ce dont elles avaient besoin pour alimenter les hommes qui travaillaient pour elles. C'est pourquoi entre Bouchette, Mont-Laurier et Ferme-Neuve, on peut trouver un nombre assez considérable de ces fermes, qui ont conservé leur nom.
On trouve aussi à Bouchette, de l'autre côté de la rivière, comme on dit, une maison qui en fait une très ancienne auberge. Le père Guinard, qui a été missionnaire à cette époque, a laissé une page qui devrait être lue et relue par tous ceux qui vivent dans la vallée de la Gatineau, parce que tous nos grands-parents et arrières-grands-parents sont passés par cette vie de misère incroyable. Je ne peux résister à l'envie de la citer, et ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'il y a de grandes chances que le père Guinard décrive ici la vie d'un chantier de la région de Bouchette même: "Les pentures et les clenches de la porte étaient en bois. Un foyer de sable de 8 pieds de longueur sur 4 pieds de largeur occupait le centre de la cambuse. Un trou dans le toit, de la même dimension que le foyer et pratiqué directement au-dessus, laissait s'échapper la fumée.
Il faut bien dire que cette technique avait des inconvénients. L'ouverture de la porte provoquait un courant d'air qui refoulait la fumée vers l'intérieur et cela faisait venir les larmes aux yeux.
C'était bien là, une des seules occasions de voir les bûcherons pleurer... Comme tout le reste, la nourriture était simple; du pain cuit sur la braise, des fèves et du lard, rarement du boeuf, de la soupe aux pois, de la mélasse "Black Strap" et du thé très fort. Les matinées du dimanche, les hommes mangeaient souvent du "Sea Pie" (cipaille), une recette de chantier très populaire qui préparait de la façon suivante: une rangée de lard, une rangée de pâte, une rangée de boeuf, le tout cuit à l'étouffée, dans un immense chaudron, pendant toute la nuit...
Tout en préparant les repas, le cuisinier plaçait sur une table étroite, des piles d'assiettes et d'écuelles en fer blanc, des cuillères, des couteaux et des fourchettes. Il ajoutait à ce service, disposé pêle-mêle sur la table, une montagne de grosses tranches de pain. Quand le tout était prêt, il criait très fort. Alors les bûcherons empoignaient les instruments et allaient aux chaudrons pour se servir eux-mêmes, au moyen de louches et de larges cuillères. Pour avoir du thé, on enfonçait directement l'écuelle dans la chaudière. Ces préparatifs provoquaient tout un remue-ménage dans la cambuse, jusque ce que tous soient servis et assis à la table. Les bûcherons mangeaient énormément . Ils retournaient aux marmites plutôt deux fois qu'une et, trop occuper à dévorer, ils parlaient peu durant le repas, ce qui ne veut pas dire, loin de là, qu'ils mangeaient en silence...
Recherche; Daniel cécire
Réf; Livre historique de Bouchette
Mon Arrière-Grand-Père France Patry était de ceux-là. Accompagné de ses deux frères Dieudonné et Alfred ils ont obtenus des lots de colonisation enregistré vers 1861.
RépondreEffacer