La fête du Travail
De coutume en culture
Parce que le 1er mai tire son origine d'événements sanglants (grèves et massacres de travailleurs en 1886), il serait immoral pour certains de faire de ce jour une fête. L'expression fête du Travail a fait l'objet de nombreuses discussions : l'ambiguïté se situe autour du sens du mot «fête». Pour plusieurs, le 1er mai, même au plan international, n'est pas associé à une fête mais à une manifestation. D'ailleurs, il n'existe pas d'autre coutume que celle liée à un jour de revendication et de protestation. Le fait de marcher dans la rue pour revendiquer de meilleures conditions de travail n'implique pas l'idée d'une fête. Ne pas travailler ou être en chômage un jour par année n'a rien de réjouissant. La double conception de fête et de manifestation du 1er mai ne fait pas l'unanimité de tous les travailleurs et les militants syndicalistes se sont longtemps opposés à ce que le 1er mai devient un congé férié.
C'est sans doute parce que cette date a une connotation trop politique que les États-Unis et le Canada ont préféré détourner l'attention des travailleurs vers le premier lundi de septembre. Cette date plus neutre permet de célébrer par une fête annuelle un congé lié au travail où les usines et ateliers sont fermés. Cela n'empêche pas cependant les ouvriers de s'organiser petit à petit en mouvements socialistes et de revendiquer par des marches la célébration du 1er mai au début du siècle. Le 1er mai 1970 à Montréal marque une relance dans l'importance des manifestations des travailleurs qui sont depuis constamment réactualisées. La semaine de 40 heures pour les travailleurs syndiqués par exemple n'a été acquise au Québec que dans la seconde moitié du XXe siècle.
On peut également associer de façon symbolique le travail et la nature. Il s'agit de deux grandes forces créatrices de la vie qui expriment la puissance. Que la journée la plus adéquate consacrée au travail soit celle du 1er mai renvoie à l'idée de la nature qui se réveille à cette période de l'année, qui renaît tout comme le prolétariat naissant s'éveille aux conditions de travail difficiles.
Réf: Archives du Québec
Recherche: Daniel Cécire
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