Baskatong, avant tout un village




À compter de 1886, l’Oblat Jean-Pierre Guéguen de Maniwaki monte faire la mission pour les familles de colons établies dans le voisinage de la ferme de ravitaillement du Baskatong.
Aménagée au confluent des rivières Baskatong et Gatineau, en amont immédiat de l’embouchure de la Gens-de-Terre, cette éclaircie agricole alimente les chantiers forestiers de George Hamilton et Allan Gilmour durant l’hiver.
Avec l’aide financière de la Société de Colonisation du diocèse d’Ottawa, l’Oblat envisage de construire une chapelle dans le 7e rang du canton Baskatong, sur un coteau où les Anishinàbeg « enterrent les leurs depuis des temps immémoriaux. ».

 Le père entend également éloigner les Anishinàbeg des débits d’alcool de Maniwaki en regroupant toutes les familles de la Désert, de la Gatineau, de la Lièvre et du lac Barrière sur un nouveau territoire réservé au Baskatong; il rencontre toutefois une forte opposition des familles de Kitigan zibi qui refusent d’être relocalisées même si elles sont devenues minoritaires dans l’église de L’Assomption à Maniwaki.
En 1900, le père Guéguen passe le flambeau au père Étienne Guinard qui entreprend de faire construire la chapelle projetée. Il achemine tous les matériaux à l’embouchure de la rivière Baskatong alors que les frères oblats Grégoire et Israël Lapointe du lac Saint-Jean sont chargés de la construction. En mai 1902, le Père décrit ainsi la bénédiction de la chapelle placée sous la protection de Saint-François-Xavier : « J’étais accompagné du père Armand Laniel… quelques Indiens et quelques Blancs nous suivaient autour de l’église… Pour goupillon, j’avais une branche de sapin que je mouillais dans un vase de cristal… je jetais en abondance l’eau sainte sur les murs extérieurs et les fondements… ».

La colonie de Baskatong demeure bien modeste avec à peine 200 habitants établis en chapelet sur plus de 30 kilomètres en amont et en aval de la chapelle.
Lors des rassemblements religieux, où viennent également des protestants, les Anishinàbeg s’occupent du chant alors que le père oblat fait le sermon en 3 langues; anishinàbeg, français et anglais. En visite pastorale à l’été 1904, l’évêque Thomas Duhamel d’Ottawa souligne la beauté de l’autel dans la petite chapelle. Avec l’arrivée de l’entreprise forestière C.I.P. en 1926, les jours du village et des terres agricoles sont comptés. Au cours des années subséquentes, l’érection des barrages visant à régulariser la Gatineau vient noyer vallons, collines et cimetière. Défaite en sections, chargée sur une barge pour être acheminée vers la nouvelle paroisse du grand Remous, la chapelle ira malheureusement se perdre dans les rapides de la Gatineau.


Auteur Luc Coursol
Recherche Daniel Cécire

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