Un magasin général toujours vivant
J.O HUBERT de Maniwaki
Avec le parvis de l’église, le magasin général était le
principal lieu de rencontres des paroissiens. Mais rares sont les villages au
Québec, en Ontario et ailleurs au pays qui peuvent encore compter sur ces
commerces où l’on trouve de tout, même un ami, pour citer une célèbre publicité
à la télé.
C’est le cas de Maniwaki qui, depuis 1925, accueille le magasin J.O.
Hubert.
Le commerce de la rue Principale a été fondé en août 1925
par Joseph-Olivier Hubert. Ce dernier avait à cœur les intérêts de la région de
la Haute-Gatineau. Il a œuvré comme conseiller municipal pendant plusieurs
années et il s’est aussi beaucoup impliqué dans la commission scolaire de la
région. Joseph-Olivier et son épouse ont eu douze enfants (ce n’était pas
exceptionnel à l’époque!), cinq garçons et sept filles qui ont tous participé d’une
façon ou d’une autre au développement de l’entreprise au fil des années. Mais
ce sont surtout les garçons (Gérard, Augustin, Armand, Wilfrid et Jean-Louis)
qui ont assuré la relève de ce commerce qui n’a jamais cessé de prendre de
l’expansion au cours des décennies suivantes.
En 1935, J.O. Hubert achète un premier compétiteur, Charles
Logue Limitée. C’est ce commerçant prospère qui a construit en 1887 le Château
Logue, un bâtiment de style Second Empire qui abrite aujourd’hui le Centre
d’interprétation de l’historique de la protection de la forêt contre le feu
. En
1943, c’est au tour du commerce de Foster Bennett, situé côté nord de la
rivière Désert, d’être absorbé par J.O. Hubert. En 1940, on procède à
l’agrandissement de la partie arrière du magasin qui s’étale dorénavant sur
trois étages. Durant les années successives, on agrandira la surface de vente
du magasin à quatre reprises. Au cours des décennies 1950 et 1960, on maintient
la vente de produits de quincaillerie, mais on y ajoute des articles de plomberie,
de peinture, de cuisine, des chaussures et des vêtements pour hommes et femmes.
La famille Hubert n’a jamais craint d’employer la méthode
essais-erreurs pour faire des expériences d’affaires. En 1956, elle met sur
pied une manufacture de meubles. « Ce ne fut pas un grand succès. Mais au
moins, on a essayé », explique Paul Hubert qui assure aujourd’hui la direction
de l’entreprise familiale avec son cousin Jean-Guy. Les propriétaires du
magasin ont aussi été tentés par l’aventure du commerce de l’alimentation. De
1961 à 1974, la famille Hubert a été associée au groupe Provigo-Excel. Cette fois-ci, c’est Dame
nature qui a fait des siennes.
L’inondation de 1974
L’inondation du 14 mai 1974 a causé de lourds dommages qui
ont obligé les propriétaires à fermer la division alimentaire du commerce. Les
dommages ont dépassé les 300 000 $. Malheureusement, il n’existait pas de
programme gouvernemental à l’époque pour compenser les dommages causés par ce
type de sinistre. La quincaillerie n’a pas été épargnée non plus par la crue
des eaux.
« On a eu cinq pieds d’eau dans la quincaillerie », se souvient Paul
Hubert. En l’espace de quelques heures, 1000 résidences de Maniwaki et de la
région ont été inondées et 3000 personnes ont dû être évacuées. Les dommages se
sont élevés à plusieurs millions de dollars. Fait à noter, en 1876, l’eau était
montée à 173,1 mètres au-dessus du niveau de la mer à Maniwaki comparativement
à 169,4 mètres pour la crue de 1974. La menace se fait sentir à chaque
printemps.
L’année de l’inondation, les propriétaires ont tout réorganisé
les départements de l’entreprise. On y retrouve désormais la quincaillerie, les
articles de sports et de plein air, les vêtements pour hommes et pour femmes,
les chaussures et une section de jouets pour enfants. En 1979, on ajoute 23 000
pieds carrés de surface au commerce afin de répondre à la demande grandissante
de la clientèle. Ils devaient avoir la foi en leur commerce car les années
1979, 1980 et 1981 ont été marquées par une crise économique qui a frappé
durement la région de Maniwaki. « On avait confiance en nos moyens. On savait
que la clientèle nous suivrait. Ce fut une bonne décision d’affaires », se
souvient Paul Hubert.
En 1992, une troisième génération de la famille Hubert prend
les commandes de l’entreprise. C’est au tour de Jean-Guy (fils de Gérard) et de
Paul (fils de Jean-Louis) de tenir la barre du commerce.
Les deux propriétaires
ne manquent pas d’ambition. En 1997, ils entreprennent la construction d’un
entrepôt à l’arrière du magasin pour faciliter la réception et l’entreposage
des marchandises. Un autre agrandissement de 4000 pieds carrés complétera les
travaux apportés au commerce. Paul Hubert est conscient que l’entreprise
familiale est sise dans un édifice patrimonial. «Nous en sommes très fiers.
C’est une belle bâtisse qui ne passe pas inaperçue lorsqu’on va à Maniwaki. Et
c’est tant mieux!», de dire Paul Hubert.
Le quincaillier reconnaît que l’absence de magasins à grande
surface comme WalMart ou Costco à Maniwaki constitue un avantage pour leur
commerce. Mais, précise-t-il, les gens de Maniwaki ne se privent pas pour aller
magasiner à Gatineau. À l’inverse, précise-t-il, il y a des gens de Gatineau
qui font le détour jusqu’à Maniwaki pour faire leurs achats.
Recherche
Le Droit
Daniel Cécire
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