Avant tout une paroisse, Montcerf 1873
Avant tout une paroisse, Montcerf 1873
À compter de 1873, les pionniers Isidore Proulx, Urgel Picotte
et Pierre Major entreprennent abattis et brûlis à la première traverse de la
rivière Désert dans le canton Egan*. Au cours des premières années, les Oblats
Régis Déléage,
Laurent Simonet et Médéric Prévost viennent faire la mission à
Rivière-Désert dans la maison de pièces de la famille Proulx. Au printemps 1882,
le père Prévost fait construire une chapelle sur le lot défriché par Gilbert
Pilon dans le 4erang. La construction n’étant pas terminée, c’est sous un toit de
feuillage que l’évêque Thomas Duhamel d’Ottawa la consacre à Sainte-Philomène
lors de sa visite pastorale. À son arrivée dans la mission 2 ans plus tard, le
père Charles-Marie Paradis, insatisfait du site de la chapelle, enfaite ériger
une autre au sommet d’une colline voisine « connue sous le nom de Montcerf,
fort pittoresque mais d’un difficile accès ».Ce passage de l’actif père Paradis en Haute-Gatineau s’avère fort tumultueux. Ordonné prêtre 2 ans plus tôt, il a des idées bien arrêtées et parle de fonder autant de paroisses que le curé Labelle de Saint-Jérôme. Entreprenant et ne craignant personne, il affirme que la loi crée de trop grandes réserves forestières qui causent une sérieuse entrave à la colonisation agricole. Appuyé par les familles du canton Egan sur lesquelles il a beaucoup d’ascendant, il n’hésite pas à installer des colons sur des lots concédés à l’entreprise Gilmour. L’affaire s’envenime. Le père intente une poursuite contre les entrepreneurs qui y coupent le bois; les frères Gilmour répliquent en le faisant arrêter pour occupation illégale. Le procès donne le père gagnant mais les marchands vont en appel. Devenu l’idole des colons, le père monte le ton et rédige un nouveau projet de loi forestière qu’il présente au curé Labelle devenu sous-ministre de la Colonisation. Habilement, celui-ci retouche le projet pour causer moins de remous. Ce combat du jeune Oblat Paradis, lui attire une sérieuse réprimande de son Provincial : il est invité à se soumettre à l’autorité ou à quitter la Communauté. Il réplique en parlant de fonder un nouvel Ordre consacré exclusivement à la colonisation et défend son projet jusqu’au Vatican qui l’invite à se soumettre à l’autorité.
Brisé, il quitte la Haute-Gatineau. Heureux du dénouement, les Gilmour fournissent le bois nécessaire pour terminer la chapelle où tinte bientôt la cloche venue de la première chapelle de Maniwaki.
Auteur, Luc Coursole
Commentaires
Publier un commentaire