Blue-Sea, avant tout
une paroisse.
Parcouru par les Anishinàbeg depuis des siècles et sillonné
par les forestiers des frères Hamilton à compter de la décennie 1810, le
territoire du canton Bouchette s’ouvre à la colonisation en 1851.
Au cours de
cette seconde moitié du XIXe siècle, les pionniers Gauthier, Courchaîne,
Beaudouin, Lacroix, Tremblay, Bénard entreprennent de transformer le sol
forestier en terre arable dans les rangs attenants aux lacs Blue Sea, des Îles
et Long.
Le curé Isidore Garon de Bouchette vient y célébrer la messe dans la
maison d’un colon. En 1901, trop peu populeuse, la colonie se voit refuser la
construction d’une chapelle par l’évêque Thomas Duhamel d’Ottawa. Quelques mois
plus tard cependant, avec les travaux de la montée du chemin de fer qui amènent
beaucoup d’optimisme, une chapelle-école est érigée pour la cinquantaine d’enfants
de la colonie. À compter de 1907, le curé Camille Guay de Gracefield, nouveau
responsable de la mission, s’efforce, contrarié, de freiner les ardeurs de ceux
qui veulent former une nouvelle paroisse en regroupant les agriculteurs du sud et
du nord du lac Blue Sea. Il craint surtout que cela défavorise sa paroisse et
l’écrit à son évêque : « En raison de la pauvreté des gens de Blue Sea, cette
mission ne prendra jamais d’extension. Si votre Grandeur pense à faire du Blue
Sea d’en-bas et du Blue Sea d’en-haut une seule paroisse, cet établissement me
semblerait être au détriment de Gracefield. ». Quelques semaines plus tard, la
mission lui est retirée…Délégué par Mgr Thomas Duhamel, le brave père capucin
Adolphe se montre, pour sa part, favorable aux propositions des résidents
guidés par le sénateur Napoléon Belcourt, le défenseur des Franco-ontariens qui
est également villégiateur à Blue Sea.
Le groupe propose l’érection d’une
chapelle sur un terrain, propriété de Hyacinthe Gauthier, qui offre une vue magnifique
sur le lac; le comité demande aussi la formation d’une paroisse avec les
limites sud et ouest du canton Bouchette et les limites des municipalités de Bouchette
et de Burbidge pour l’est et le nord. L’évêque d’Ottawa retarde la formation de
la paroisse mais envoie le vicaire Roux de Gracefield prendre charge de la
construction de la chapelle en 1909-1910. En 1919, les résidents sont heureux
de la décision de leur nouvel évêque de Mont-Laurier qui décrète la formation
de leur paroisse dédiée à Saint-Félix et nomme Napoléon Richard comme premier
curé résidant.
Conscient de l’importance grandissante du tourisme, le curé
François Poirier fait embellir les abords du lac à compter de 1940. Une
nouvelle église paroissiale est érigée d’après les plans et devis de
l’architecte Auguste Martineau d’Ottawa en 1956.
Recherche Daniel Cécire
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