BOIS FRANC avant tout une mission




Bois-Franc

Avec l’arrivée des pionniers sur les hauteurs du canton Egan au cours de la décennie 1870, les Oblats de Maniwaki viennent célébrer les offices dans les maisons de pièces des premières familles. Planches et madriers sont rares avant les premiers moulins à scie. Dans ces conditions, les premières constructions sont surtout en pièces sur pièces superposées, équarries sur deux faces à la grande hache et assemblées à queue d’aronde dans les coins.
La localisation de la maison tient compte de la solidité et de l’étanchéité des fondations, de la proximité de la source d’eau ou de la possibilité d’y creuser un puits. Le site choisi, les défricheurs voisins sont conviés au bi pour donner un coup de main. La famille ainsi aidée rendra le même service plus tard, c’est une dette d’honneur. La corvée se fait dans la gaieté : haches, égoïnes, marteaux, cris et rires se font tous entendre en même temps. Le carré terminé, la toiture à double pente est recouverte de bardeaux de bois fendus par le colon lui-même. Trapue et massive, avec des fenêtres à carreaux, la maison blanchie au lait de chaux dispose d’une porte arrière ou de côté pour les allées et venues quotidiennes et d’une porte avant utilisée surtout pour la visite du prêtre, les noces, les baptêmes et les funérailles. La mission de Bois-Franc progresse lentement et il faut attendre 1883 avant que le père Laurent Simonet fasse construire la première chapelle entre le premier et deuxième rang. Bénie par Mgr Thomas Duhamel d’Ottawa, elle sert également d’école durant la semaine. Après des années de travail où tout le monde met l’épaule à la roue, le lot défriché, labouré et semé devient une terre qui produit le maximum des biens consommés par la famille. Partout se forge ainsi une race d’habitants durs à l’ouvrage, habituée à surmonter les difficultés, un pied sur la terre et l’autre dans la forêt. Cette occupation agricole du canton Egan demeure toutefois fragile et dépendante des aléas de la nature qui peuvent jeter les plus courageux dans la détresse.
Lentement, au prix de beaucoup de sueur, les familles de défricheurs du départ deviennent familles de cultivateurs. En 1910, sous la direction du père Henri Gervais, les familles entreprennent l’érection d’une véritable église sur un terrain donné conjointement par Déa D’Amour et Antoine Branchaud. Confié au patronage de Saint-Boniface, le temple est béni en septembre 1911. Bois-Franc doit encore compter sur l’apostolat de plusieurs missionnaires oblats avant d’accueillir Joseph Gravelle en 1915, le premier curé résidant envoyé par François-Xavier Brunet, l’évêque-fondateur du diocèse de Mont-Laurier, détaché de celui d’Ottawa 2 ans plus tôt.
Bien que considéré comme un village, on ne retrouve alors aucun cimetière ni église dans ce petit bourg où le père Guinard recense quarante-deux familles au tournant du siècle. Honoré Dufour y ouvrit, en 1888, un premier magasin général, auquel il ajouta un bureau de poste deux ans plus tard. Après sa mort en 1909, André Lachapelle, Antoine Chénier, puis à compter de 1912, la famille d’Antoine Branchaud opéra un magasin général et le bureau de poste. Deux hôtels accueillaient les voyageurs et travailleurs des chantiers à Bois-Franc, l'un tenu par madame Thomas Moar, jusqu'en 1893, l'autre par pierre Chaudière, qui éparait en outre un moulin à scie à l'embranchement du chemin de Montcerf.
Une fromagerie fut également mise en exploitation à compter de 1912, la même année où on ouvrit, sous l'initiative de Joseph Branchaud, la caisse populaire Desjardins, dont il devint gérant. En 1910 entreprit la construction de l'église et en 1915, on fonda officiellement la nouvelle paroisse de Saint-Boniface, ce qui mettait fin à pratiquement quarante ans de mission par les Oblats de Maniwaki . À partir de 1920, on détacha la paroisse de Bois-Franc de la municipalité du canton d'Egan et on l'incorpora officiellement en municipalité. Joseph Brosseau fut le premier maire; il fut remplacé en 1923 par Léon Lyrette.





Auteur Luc Coursole &Daniel Cécire


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