La drave
À la fin du mois de mars, quand la coupe et le transport du bois sont terminés, la plupart des hommes quittent le chantier. Les plus aventureux cependant, attirés par les salaires plus élevés qui sont payés pour faire la drave, restent. Ils sont rejoints un peu plus tard par des fils de cultivateurs surtout, des habitués du flottage du bois et du « dérivage », opération qui consiste à dégager les billes de bois qui s’échouent sur les rives des cours d’eau ou qui se coincent dans des embâcles. Armés de leurs tourne-billes et de leurs gaffes, ils travaillent de quatorze à seize heures par jour, dans l’eau jusqu’à la ceinture.
Les équipes de draveurs forment au total un contingent d’une cinquantaine d’hommes. Arrivés quelques jours à peine avant que les lacs ne calent et que la débâcle ne se produise, ils sont accueillis par le contremaître de la drave. Son premier défi : installer le premier campement de la drave! Il s’agit de dresser cinq tentes, dont l’une abrite la cuisine ou « cookerie », le logement du cuisinier et de son second et l’entrepôt de denrées périssables. Une deuxième tente sert de logement au contremaître et à son adjoint. Les trois autres tentes servent de dortoirs rudimentaires pour une quinzaine d’hommes chacune. Au fur et à mesure de la descente vers le bas des bassins versants, le campement est déplacé pour suivre le travail des draveurs.
Le rôle du contremaître est déterminant; c’est son sens de l’organisation et la justesse de ses décisions qui permettent de réussir la drave. Il lui faut profiter au maximum des hautes eaux printanières tout en espérant que Dame Nature lui soit favorable. Si la crue facilite la descente, elle peut en revanche augmenter le nombre de billes qui s’accrochent dans les aspérités de la rive, sur les battures et dans les broussailles, ce qui donne encore plus de travail aux draveurs. En fait, même le meilleur des contremaîtres se doit d’être chanceux!
Le personnel de la drave se divise en deux groupes : six hommes travaillent sur l’eau, à bord d’une « barque d’Ottawa », six autres les précèdent en longeant les rives à la recherche des billes échouées, qu’ils s’empressent de relancer dans le courant.
Les draveurs qui sont sur la barque ont pour mission de débloquer les embâcles manuellement, à l’aide de leur outillage (gaffes, tourne-billes, etc.), ou, lorsqu’il s’agit de bois de pulpe, de les faire sauter à la dynamite. C’est un travail dangereux et les risques sont énormes.
Réf: Forestier outaouais
Recherche: Daniel Cécire
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