Une journée dans un chantier

Dès quatre heures du matin, le cuisinier, ses aides ainsi que les  chargés du transport du bois sont les premiers à s’éveiller. Les charretiers doivent nourrir et atteler les chevaux, de même que dégeler les traîneaux dont les patins sont généralement pris dans la glace depuis la veille au soir. Puis, c’est au tour des bûcherons qui, dès cinq heures, doivent se préparer et se mettre à table pour déjeuner. À ce moment, ils n’ont ni le temps, ni le goût de se laver, l’eau dont ils disposent étant littéralement glacée.
Au cœur de l’hiver, le soleil se lève aux environs de sept heures et se couche vers seize heures. Il faut donc profiter de chaque minute de clarté pour travailler. Les bûcherons se rendent à pied jusqu’au parterre de coupe, situé à moins de cinq kilomètres du camp3. Deux équipes de deux ou trois bûcherons travaillent à proximité l’une de l’autre et utilisent chacune leur tour un charretier qui, avec son attelage de deux chevaux, transporte le bois jusqu’au lac (ou la rivière) le plus proche . Vers midi, les hommes s’arrêtent pour manger, généralement à l’abri du vent, derrière un empilement de billots.  On allume un feu pour faire bouillir le thé, réchauffer les fèves au lard, rôtir de grosses tranches de pain et quelques grillades de lard salé.
Que l’on coupe du bois équarri ou des billes servant à alimenter l’industrie des pâtes et papiers, la matière ligneuse doit nécessairement être transportée jusqu’au cours d’eau ou au lac le plus rapproché. Et puisque la taille des arbres qui sont récoltés varie énormément, les techniques de transport utilisées varient en conséquence. Les pièces de bois de grande dimension sont souvent traînées séparément jusqu’aux rives du lac ou de la rivière. De puissants attelages de bœufs ou de chevaux sont parfois utilisés pour y arriver . Pour le bois servant à l’industrie du sciage ou celle de pâtes et papiers, le transport se fait surtout en traîneau (« sleigh »), de janvier à  mars. Il est empilé le long des berges des cours d’eau ou directement sur la surface gelée des rivières et des lacs.
Le retour au camp se fait avant la noirceur, le souper étant servi à dix-huit heures. Le repas est suivi d’un repos bien mérité et d’une bonne  :
« À la période agitée du souper succédaient les instants sacrés et tranquilles de la bonne pipe du soir. Puis, on tournait la meule, on fabriquait des leviers et des manches de hache; bref on s’occupait des outils de travail. Autour du foyer qui pétillait, des perches accrochées au toit supportaient les mitaines, les vêtements, les bas, les chaussons, les bottes. Toutes ces choses fumaient et répandaient dans la cambuse une forte odeur. »
Ce que nous devons retenir de cette description c’est que ces gars de chantier d’autrefois avaient la « couenne dure »! La vie était rude et le travail était exigeant, mais ces derniers trouvaient le temps de se reposer et de goûter à ces rares moments de paix et de sérénité qui rendent la vie supportable, voire agréable!

Réf: Forest de Outaouais
Recherche: Daniel cécire

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