les plaines de la rivière Gatineau


 Les plaines de la rivière Gatineaune devait s'ouvrir que bien tard à la colonisation, vers 1835, et encore n'y eut-il aucun plan, aucune organisation méthodique en vue d'un développement logique de la région.
Dès 1820, Philémon Wright et plus tard les hamilton, les Edward et d'autres compagnies embauchèrent tous les ans des milliers d'hommes qui s'enfouissaient dans nos montagnes pour la coupe du bois. Chaque printemps, on faisait la "drave"; nos bûcherons revenaient à Hull ou Bytown, y buvait parfois quelques verres de trop, rencontraient les missionnaires et retournaient chez eux pour en revenir et continuer leur vie nomade et sujette à toutes les ignorances.

Cependant, avec le recul de la forêt, les clairières et les champs de souches invitaient à la culture, donc à l'établissement définitif du colon.  Les femmes venaient ensuite avec leur foi et leurs belles prières.  Les foyers se multipliaient ; les berceaux aussi. Ce fut l'origine des villages et de leurs églises.  Tout était encore bien primitif " Les vieux " se souviennent de la route à un cheval qui menait jusqu'à Maniwaki. La voiture à deux roues, plus tard le fourgon, furent jusqu'à 1892 les seuls carrosses de cette Vallée.  Le Pacifique Canadien bâtit alors sa ligne de chemin de fer et depuis, les travaux de la voirie ont sensiblement amélioré les routes nombreuses qui sillonnent les paysages les plus pittoresques de toute la région.

 Les plaines de la rivière Gatineau ont connut ses longues heures d’héroïsme. Le blé poussait dru; les moustiques n'en tourmentaient pas moins hommes et bêtes.  Un peu partout, on faisait de la "potasse" une espèce de lessive à base de cendre de bois d'érable que l'on venait vendre en ville et qui permettait de subsister. La maison en bois rond était à peu près la seul habitation du temps. Une croix noire et quelques images religieuses, mêlées à des souvenirs politiques ou à des portraits des anciens, composaient le seul ornement des foyers.

Il n'y avait guère d'école; souvent les petits Canadien qui les fréquentaient n'y apprenaient que l'anglais. Nous connaissons un bon nombre de "vieux" qui ne savent encore lire que l'anglais.
Mais l'on vivait heureux, disent les pionniers.
Il fallait manger du pain noir et se passer de friandises. Il fallait vivre simplement.  Les femmes maniaient la faucille, travaillaient aux champs, faisaient parfois "du bois" on s'habillait de grosse étoffe et l'on s'éclairait à la chandelle.   La petite lampe à l'huile était un luxe. Le courrier postal venait chaque semaine seulement, moins souvent même, apporter des nouvelles des parents.  Les journaux n'existaient point; et d'ailleurs, bien  peu savaient lire. C'était le privilège des gens "bien instruits" d'écrire des lettres pour les amoureux à la recherche d'une expression d'amitié... Il fallait se préparer à la "grande demande". Et pourtant, il y avait du bonheurs puisque l'on priait et que l'on chantait.  Le violon exerçait "la jeunesses", on frabriquait des sabots, des rouets, des flanelles, des ceintures fléchées, des meubles très rustiques et tant d'autres petits secrets des arts et métiers.  Tout cela donnait à la vie un air de chez-nous qui sortait nos gens du "melting pot" anglais ou américain. Nous étions nous-mêmes ! Heureux temps ! Et qu'il faut faire revivre !


Daniel Cécire

 


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